Dans mon jeune temps

Publié le par Sifoell

louve-chamane.jpgIl était une fois, Sifoell sans ses deux ailes, à cet âge où on ne croit en rien mais où on espère tout, malgré tout. Je me disais que je ne serai jamais comme les autres. Pas envie de ressembler à ces gens robotisés, métro-boulot-dodo très peu pour moi. Le quotidien, j'en veux pas.

Je rêvais d'aventures, de voyages, de cultures éloignées, de fiction. J'ai saisi la plume et ai griffonné tous mes désirs, tous mes délires.

Le quotidien ne m'intéressait pas parce qu'il ne m'apportait rien et que je n'y apportais rien. Je fonctionnais alors en circuit fermé.

C'est en travaillant et c'est en partageant ces si doux moments avec Charmant que tous ces petites choses de ce quotidien ont pris du sens. Se lever, déjà. C'est important. Se lever pour quelqu'un, avec un but dans la journée... Et puis faire à manger sans que cela ne soit une corvée. C'est tellement plus agréable pour moi de faire les choses pour quelqu'un - souvent, ce n'est pas pour moi, mais ça c'est un autre combat -.

Je crois que dans mon jeune temps, je n'avais qu'une envie, c'était de grandir vite pour fuir un quotidien trop lourd, pas évident de vivre chez les parents quand on a un tel besoin d'être indépendant, libre, autonome. Pas évident non plus de les quitter pour apprendre à l'être.

Actuellement, je ne travaille pas, et moi qui ai toujours confondu le jour et la nuit, j'ai un mal de chien à me lever ces jours-là où je n'ai pas grand chose à faire... A quoi bon se lever à 8h, pour quoi faire ? Ah, si, pour converser avec Charmant, oui... Mais si Charmant n'est pas là, je préfère la chaleur de mon lit et la douceur de mon sommeil sans rêves... Les ronrons de mon chat venant me réclamer des câlins et des croquettes.

En fait, je crois que je n'aime plus vivre seule. C'est une évidence. Une autre de ces évidences qui jalonnent mon histoire depuis la rencontre de Charmant. Du mal à me lever, du mal à me cuisiner de vrais repas, du mal à me faire jolie, à sortir de chez moi... Et encore, je me suis grandement améliorée. Du mal aussi à ne pas déranger, et donc ensuite à ranger et faire le ménage... Il y a si peu de gens qui viennent chez moi, personne ne voit le capharnaum... Si, moi, mais j'ai appris à enjamber les tas de bouquins, les tas de publicités et de courrier...

Je crois que mes actions ne prennent sens que parce qu'elles se répercutent chez l'autre, je prends plaisir à me cuisiner de bonnes petites pâtes carbonara si Charmant mange avec moi. Sinon, je me contente d'un sac de nouilles au beurre.

Charmant, je l'avoue, je suis une ermite grognon et peu accueillante. Personne n'entre dans mon antre sans ma permission. Même que j'ai aussi du mal à décrocher le téléphone et à ouvrir la porte. C'est là que je me rends compte que la solitude est de trop. Que cela devient de l'enfermement. Charmant, il va aussi falloir que j'apprenne à apprivoiser l'extérieur... Tout plein de choses à m'enseigner, encore...

Dans mon jeune temps j'étais une sauvageonne éprise de liberté... Maintenant... Même chose, c'est que je mordrai... Louve dans son terrier tout au fond tapie.

 

Publié dans Dans l'intime

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